mercredi 13 mars 2024

Torpeur

Tout tourne trop vite.

Je me perds quand je marche parmi vous, alors je me cache.

Loin dans l’indifférence nauséabonde.

 

L’immondice se marie à la solitude ordinaire, à l’ennui elle s’amuse à refuser son temps.

Bien trop simple, mais si efficace. L’oublier c’est comme le laisser mourir.

 

De toute façon, rien de si précieux n’est éternel. Sous le ciel, ont pourri souvent bien avant la tombée de son rideau. Les chants étouffés ne réveillent plus rien, que la mélancolie et de faux souvenirs trop bavards. Prisonnier, l’aide ne fera jamais grâce de sa présence, mais viendra tout de même pavaner. Ce n’est pas parce que cela est possible qu’il le faut.

Je couvre ma respiration en fracassant mes poings, tapant sans relâche sur ma poitrine à marquer seul mon propre temps qui s’échappe. J’improvise une raison pour pouvoir me lever tous les matins, même si différentes teintes d’entraves gardent mon monde. Je me raconte en pénombres qui dansent, sans quiétude.

 

Ce qui change passe sans poser de questions, sans attendre quiconque.

La fatigue prend le dessus, mais les idées restent claires.

 

Des années s’agitent et détalent.

J’imagine sans cesse les fins qui guettent.

J’aurais aimé être plus rapide.

lundi 4 mars 2024

Que je n’ai plu

J’expire.

À petit feu, la bouche ouverte.

Paralysé par la Peur qui dévore, l’hyperphagique.

Peur des autres, de demain, de la lumière.

 

Les troubles se sont invités à la fête.

Pour danser, mais surtout hurler.

À plein poumon, sa gueule sans fin.

Si je n’étouffe rien, ce n’est qu’eux que j’entendrai.

 

L’Attention qui s’envole, aux rythmes différents des autres.

Mes idées me fuient comme je tente de faire, sans succès, avec l’ennui.

Mon corps désobéi, mes jambes s’emballent dans l’attente.

Mes idées sont fixes, rigides à la façon du roc.

 

Impossible de faire autre chose que me punir.

Quand je sens et espère une simple bouchée.

Je me souhaite, sans exception, que le pire.

Jusqu’au lendemain avant que je n’ose encore.

 

Cloué à une chaise par la Peur, celle-là même qui les alimente.

Ces charognards de troubles qui tardent à repartir.

À reprendre une autre route que la mienne et me laisser aller.

Pour m’échouer dans une paire de bras qui aurait cette force.


Que je n'ai plu.

mercredi 20 décembre 2023

Cachot

C’est flou quand je pense à ses yeux.

C’est lourd quand tout s’efface, constamment.

 

La spirale me permet de plonger en attendant que l’horizon s’affirme.

Les cieux restent bien fermés, malgré d’autres regards tournés vers eux.

 

Le désir revient au son des gémissements, à une lenteur naturelle.

Je suppose et me laisse tranquillement dépérir, la gueule ouverte à attendre qu’il pleuve.

 

J’aimerais pouvoir inventer une histoire qui aurait cette extraordinaire faculté, de me mouvoir.

Je me laisse ronger à chaque nuit, en espérant le sommeil tranquille et sans songe.

Les étoiles s’avalent mieux sans les rêves qu’on y attache.

 

Sans mes rares artifices, je m’échoue, toujours l’inadéquat.

Je me barricade dans ce que je crois être la paix.

En réalité, un insondable cachot.

mardi 5 décembre 2023

Nordet

J'entends le vent de l'est.
Je vois les forêts de souvenirs partis en fumée.
J’espère la paix dans un tourbillon, une noyade.

Gouffre qui s’oublie, racontar ad nauseam.
Prisonnier de mon aversion à mon reflet.
Une image que j’ai repeinte à coup d’insultes, de mépris.

Seul refuge que je construis dans mes histoires, mes vagabondages.
J’y fixe le plafond, comme un ado à chemise blanche lâché en uchronie.
J’ouvre à peine la bouche, mes lèvres se fissurent.

Ma langue marine dans le sang, la retenue.
Mes yeux restent ouverts le soir, même avec les étoiles au-dessus du lit.
La peur : lente, insidieuse, mais surtout chronophage.

Tueuse aux griffes acérées, invisibles.
Elle me tient en otage, elle hurle sans relâche.
Je ne vous entends plus, je ne vous vois plus.

Que quelques inspirations encore pour m’échapper de cette emprise.
Je me concentre sur demain, me forcer à ouvrir ma porte.
Enfin laisser entrer le Nordet et son odeur de monts et de fleuve.

mardi 4 juillet 2023

Cul-de-sac

Nous sommes au sommet du hurlement. Dans un silence glacial, bercé au gré des petites morts qui pavent la voie.

Rien de trop sacré pour ne pas le sacrifier.
Rien de trop beau pour ne pas le défigurer.
Rien de trop.

Les images vont et viennent; elles brouillent l'horizon, j’étouffe.

Aucune douceur ni tendresse ne se rend jusqu’à moi. Le sans souffle, battant plus vite venu le soir. Un tambourinage signalant cette bataille qui passe du chien au loup en passant par le zénith rageur.

L’immensité ne s’accorde que rarement aux promesses. J’implore le temps, j’imagine en attendant.

Ces histoires où je n'ai aucun rôle autre que l'exilé qui se gave à l'espoir.

Maintenant, j’expire dans un trou, j’y baigne malgré tout dans vos odeurs, sous des regards tartufes. Malgré les cris et supplications, on crache.

Peu importe le chemin, je ne me rendrai qu’à l’indifférence, qu’à ce cul-de-sac.

Prenez bien ce que vous croyez être la source votre temps, aussi bien s'y noyer.

jeudi 11 mai 2023

Trône

Je porte l’invincible; rien pour me maîtriser.

Je hurle et dirige mon regard au-dessus de ces murs, inclassable enceinte aux couleurs des autres qui s’y écrasent, boivent vermeil et raclures aux pieds de ces garde-fous.

Frapper l’envie de se défaire les jointures, rendre gorge à force d’épuisement parce que tout bouge plus vite, rien ne m’attend sur la piste pour accompagner mes pas.

Les notes se taisent, laissent entrer le froid s’efforçant de trancher mes os.

Je m’endors dans la glace, heureux de pouvoir prendre cette pause.

Appui sans lequel j’aurais à nouveau plongé.

Des nuits sans rêve, une courte et réjouissante mort, éphémère mais tout aussi terrifiante.

Malgré balafres et mutilations, je laisse les pointes aiguës et frigides pénétrer ma peau; à la fin je m’y repose.

Le sang se mêle à l’eau du miroir fondant sous le poids d’un avare et assoiffé néant.

Prisonnier d’un destin forgé chez les autres, j’invente et espère, m’éventre et accepte mon exil sans suzerain.

lundi 10 avril 2023

Tapis

 Je suis tombé.

À travers les désordres, j’expire bruyamment, agonisant, vomissant sans tempérance sur un plancher déjà collant.

 

On me met au défi sans savoir d’où je viens, sans vouloir être témoin du sort qu’on m’a réservé.

On me sert la nuque, comme motivation et rappel de mon état d’esclave.

 

Immobile sans chaînes, je mange ce qu’on daigne me lancer.

Je me régale.

Mes genoux m’ont abandonné en terre, impossible de me relever.

 

Je disparais, au diapason de la lâcheté et de sa fiction.

Histoire inachevée qu’on devra, peut-être un jour, me traduire.

 

J’invente alors autre chose pour me remettre à respirer, à voir mon monde et esquiver le nœud.

 

Je panique sous cette lumière expirante, envahissant le sensible et le vrai pour l’amadouer, tuer sa langue et le laisser, à son image, dépérir en parlant de nécessité.

 

Le mot juste s’évade alors et me laisse affamé.

 

On vient en finir avec mon impatience, le rêve n’en peut plus.

Il est écrasé sous le talon, cruellement on accentue la pression.

On se délecte de l’odeur d’amertume et de regret pour finir par nettoyer sa semelle sur mon dos.

 

Autrefois fier, je disparais sous vos pas.

Silencieux, rageur et usé.